Le passé de ceux-là n’a pas connu de marées ou de bourrasques et c’est clair elle, la princesse, qui tend la joue et lui, le charmé qui embrasse. À les voir ainsi, collés l’un contre l’autre, les mains entrelacées, respirant au même rythme, lui plus amoureux que la princesse, elle n’a besoin de rien d’autre pour imaginer leur première rencontre et même pour entendre les mots qui se sont dits lors de cet heureux événement, à partir de son bonjour à lui, sûr, fort au départ, allant vers l’extinction de la voix à la fin, quand il se demandait comment faire pour la revoir. Une longue lignée de rencontres les a conduit vers ce moment devant le château. Les chaussures révèlent le passé d’une personne et elle se fie à leur capacité de raconter des morceaux de vérités ou de vérités entières, si quelqu’un veut attacher à chaque histoire une vérité et même si le quelqu’un en question n’en veut pas, cela ne bouleverserait pas les traces que la vérité parsème sur le chemin d’une vie. N’attendez pas qu’elle prouve scientifiquement cette théorie, qu’elle la fasse valider par des paires, car Madame IB est seule en son genre et sa science, si on peut la nommer ainsi, n’est pas de celles qui se trouvent dans les manuels scolaires ou, pire encore, dans les guides du savoir-faire. Les chaussures de ceux-là crient aussi une histoire que tout un chacun pourra entendre et écouter à condition de consentir à s’arrêter, ne serait-ce que pour quelques minutes, mais la vitesse des vies est devenue intenable ce temps-ci et, à ce qu’elle peut observer, il n’y a personne pour se figer sur place, disposé à ouïr l’histoire des modestes créations humaines qui sont les souliers. À part elle, Madame IB ou IB, je ne vois pas de raison pour se formaliser tant dans ce siècle qui a relégué la politesse aux oubliettes, car la politesse oblige à des questions obligatoires, à l’attente des réponses et à la mémorisation des détails à des fins de conversations prochaines et, de nos jours, personne ne se permet le luxe de dépenser le temps pour de telles balourdises. Les souliers de ceux-là ont ramassé la poussière sur quelques chemins à travers le monde. La sagesse, à ce que IB peut voir, n’est pas encore au rendez-vous.
Et si je te disais avoir été initié à cette même science par ma grand-mère...
ReplyDeleteet si tu veux...
ReplyDeletehttp://otliblog.blogspot.com/2009/08/le-voyeur-voyage.html
Ötli, tu possède donc les même sciences que Madame IB. De plus, tu sembles être de ceux qui prennent leur temps pour écouter les histoires des choses. Merci de visiter mon blog et d'écouter mes histoires :)
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