Monday, November 14, 2016

silence...


Le matin, nous nous séparons au même coin de rue. Je continue mon chemin en traversant vers le kiosque du fleuriste, près duquel je ralentis mes pas pour mieux regarder les fleurs, humer les parfums qui sont encore plus forts grâce à l’air frais de l’automne. Ensuite, je traverse le parc, un minuscule îlot entouré des chaussées et des voitures, couvert maintenant par des milliers de feuilles jeunes et rouges.

Ce matin, il pleut, mais comme l’hiver s’est échappé de sa prison, j’hume l’atmosphère des feuilles en train de donner leur dernier souffle mélangée à celle du froid d’hiver. L’hiver est encore timide, raide à force d’être resté blotti dans sa prison et il marche à pas de loup en arrachant au passage les soupirs de ceux qui comme moi se dirigent vers leurs bureaux.

Des dalles de basalte noir gisent au milieu de ce parc, pareils aux stèles funéraires d’un cimetière ottoman, tombés de travers dans l’oubli, car les vivants ont dû quitter à la hâte. L’automne les a ornées de ses feuilles, la pluie les a lavé de leurs pêchés de poussière.

Je marche sous la pluie abritée sous ce parapluie noir. Je suis habillée de noir, encore cette année, comme je l’ai été à pareille date l’année passée. Des deuils successifs, des racines enfouies.

Silence, pour laisser la pluie faire des siens, pour dégager le passage de l’hiver. 

Solitude, même quand je ne suis pas seule.

Sous la grisaille, la sérénité comme une bénédiction. Sinon, ce serait invivable.

2 comments:

  1. En te lisant, je "me lis" un peu aussi... et espère que, dans ta sérénité, même l'hiver t'apportera des musiques et des échanges colorés...

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