Le matin, nous nous séparons au même coin
de rue. Je continue mon chemin en traversant vers le kiosque du fleuriste, près
duquel je ralentis mes pas pour mieux regarder les fleurs, humer les parfums
qui sont encore plus forts grâce à l’air frais de l’automne. Ensuite, je
traverse le parc, un minuscule îlot entouré des chaussées et des voitures,
couvert maintenant par des milliers de feuilles jeunes et rouges.
Ce matin, il pleut, mais comme l’hiver
s’est échappé de sa prison, j’hume l’atmosphère des feuilles en train de donner leur dernier
souffle mélangée à celle du froid d’hiver. L’hiver est encore timide, raide à
force d’être resté blotti dans sa prison et il marche à pas de loup en
arrachant au passage les soupirs de ceux qui comme moi se dirigent vers leurs
bureaux.
Des dalles de basalte noir gisent au milieu
de ce parc, pareils aux stèles funéraires d’un cimetière ottoman, tombés de
travers dans l’oubli, car les vivants ont dû quitter à la hâte. L’automne les a
ornées de ses feuilles, la pluie les a lavé de leurs pêchés de poussière.
Je marche sous la pluie abritée sous ce
parapluie noir. Je suis habillée de noir, encore cette année, comme je l’ai été
à pareille date l’année passée. Des deuils successifs, des racines enfouies.
Silence, pour laisser la pluie faire des
siens, pour dégager le passage de l’hiver.
Solitude, même quand je ne suis pas seule.
Sous la grisaille, la sérénité comme une
bénédiction. Sinon, ce serait invivable.
En te lisant, je "me lis" un peu aussi... et espère que, dans ta sérénité, même l'hiver t'apportera des musiques et des échanges colorés...
ReplyDeleteMerci, Ö. J'espère que tu vas bien.
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