File d’attente sur le trottoir : une musulmane, un noir, une asiatique, une indienne, un caucasien… En attendant l’autobus, ils sont alignés comme pour les photos du Gouvernement voulant montrer que toute personne est acceptée dans cette société, sans discrimination de race, de sexe, de langue ou de religion, que tout être humain y est inclus à une condition : qu’il paye ses taxes!
Mon autobus file à vive allure et un sourire tarde sur mes lèvres.
Le même sourire que celui qu’il a fait éclore ce matin, quand après le réveil tardif je suis allée sur le balcon regarder mes fleurs. Chemin faisant, j’ai laissé couler la douce musique chinoise achetée il y a quelques semaines dans le quartier. La musique jouait en essayant de remplacer le picotement de la pluie : trop de pluie, même mes fleurs étaient moroses et susurraient qu’elles en avaient assez…
Et la musique coulait encore quand je l’ai vu venir vers moi : petits pas de femme asiatique habillée de kimono. Il machait ainsi en dépit de son large pantalon de nuit... Pour accentuer encore une illusoire ressemblance, de ses mains, il se levait les coins des yeux. Beau comme un renard des sables qu'il en est! En riant, j’oublie pour la journée un sourire sur mes lèvres…pour toute la journée.
Un autre arrêt d’autobus, une autre fille d’attente : je regarde les gens sans intérêt particulier, quand je le vois et surtout, je l’entends, embrasser son portefeuille (ou plutôt une photo qu’il y avait…j’imagine). Le monsieur est tout à fait banal avec son tee-shirt-bedaine, mais comme ce ne sont que les enfants qui peuvent être embrassés de cette manière, son geste rallume mon sourire.
Tout regard révèle des diamants cachés dans l’anonymat de la foule. À n’en plus fermer ses yeux et à faire des rides aux coins des yeux à force de tant sourire…
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