Wednesday, June 17, 2009

Soleil sans compromis

Elle sort rencontrer le soleil
Elle se prélasse dans les rues
Elle s’achète des chaussures, deux paires, car tout le monde le sait : les chaussures ne s’achètent qu’en paire!

On la voit se diriger, boîtes de chaussures sous le bras, vers le Chinatown
Le soleil et la liberté à ses trousses
Distraite, elle ne voit que le bonheur en état pur :
celui de flâner dans une ville étrangère encore, devenue la sienne depuis toujours,
celui de flairer le couple de vieux chinois qui se tiennent par la main – deux poupées aux mouvements presque mécaniques.

Le vieil homme s’est acheté des pâtisseries chinoises et marche au ralenti en s’appuyant sur sa canne
Il s’assoit, en prenant tout le temps du monde
Il sort un gâteau de son sac
Il le morcelle doucement
Il avale un morceau
Il jette un autre

Gros, paresseux, le pigeon se presse à avaler le morceau de gâteau. Goulûment. Vite. Avant les autres pigeons qui traînent dans les parages.

Le vieux Chinois en jette plusieurs morceaux, au grand bonheur des pigeons qui se bousculent.
Il les regarde sans expression sur le visage,
Il les disperse en agitant sa canne :
Nuage de pigeons
Paresseux, sans crainte.
Il reprend le jeu.

Elle se lève et se dirige vers lui
Au même moment, en guise de cadeau, le vieil homme fait monter le nuage de pigeons qui la frôlent.

Libre, enfant du soleil-même, elle rit, libérée de toute angoisse : de vieux Chinois il y en a plein la planète! Et elle s’éloigne, boîtes de chaussures sous le bras…

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