Avant, quand elle ne vivait pas seule, elle avait l’habitude
de partager ces histoires avec son compagnon de vie qui, à son tour, lui
racontait les siennes. Fin observateur, il était capable d’écouter sans
sourciller les plus bizarres contes du monde, capacité que les esseulés de la
Terre savent déceler entre toutes.
Ainsi, il ne pouvait pas monter dans un
autobus ou dans un train sans avoir à écouter les histoires de ses compagnons
de voyagement. Il corroborait leurs dires avec les racontars de leurs souliers
pour avoir le tableau complet et les soirs, dans leur jardin, quand il faisait
agréable dehors, ou dans le salon lors de soirées glaciales et brumeuses, il
lui offrait ces histoires avec un petit sourire rempli de bonté et de
compréhension envers l’Autre. C’était quelqu’un de généreux et de bon,
excellent compagnon de route duquel elle avait appris que la vie valait la
peine.
C’est la vie ou seulement les histoires dont elle en est dépositaire qui
valent la peine, IB ne saurait pas le préciser et d’ailleurs ce n’est pas
toujours utile de s’encombrer de ce
genre de détails qui ne peuvent s’avérer qu’inutiles. Ceci ne veut nullement
dire que tous les détails sont superflus, la quête de détails peur même
enrichir une vie, mais savoir si la vie telle quelle ou les histoires qui la
forment vaillent la peine de clopiner jusqu’au bout n’intéresse guère IB.
Elle
vit pour voir et pour écouter comme précisé. Sa tasse de thé finie, avant de se
diriger vers la place du château, elle descend dans le grand jardin situé à
l’arrière de la maison. Luxuriant, plein de couleur et de parfum, mais laissé
plutôt à son compte, car elle manque de force depuis ce printemps.