Thursday, November 27, 2014

looking for a new girfriend - part 5

Après son retour, si vous voulez mon avis, aussi inexplicable que sa disparition, elle m’a raconté avec moult détails ses relations avec les parents. Tous les soirs, elle parlait et je l’écoutais en sirotant mon vin. J’aurais pu devenir alcoolique, tant j’ai bu pour noyer son flot de paroles.


Te rends-tu compte, j’ai grandi sous l’emprise d’un père âgé et sévère qui ne me regardait pas, car il aurait voulu avoir un garçon pour passer le flambeau de l’entreprise familiale. Il ne m’a pas jugé digne ou capable de poursuivre la mise en conserve des petits pois et des carottes. Je suis rendue carnivore à cause de cette entreprise familiale transmise de père en fils. Non, mais imagine un peu, comme si les filles de ma famille étaient atteintes d’un lourd handicap mental. Mon père, ce salaud qui n’a cru en moi, tandis que ma Barbie de mère était toujours au coiffeur ou courrait les boutiques pour les dernières fringues. C’est elle qui m’a donné le goût de dépenser comme une folle. Je n’y peux rien!





Monday, November 24, 2014

looking for a new girlfriend - part 4

Une semaine plus tard, elle était de retour. Elle avait eu besoin d’une pause, de se retrouver seule sur une plage, dans le sud de la Thaïlande. 


J’ai fait tout un travail d’assimilation de notre vie de couple, m’a-t-elle expliqué. J’avais besoin de m’approprier cette nouvelle situation que notre vie de couple représente, de décoder mes émotions, d’accepter que ma vie sera à jamais transformée.


Je la regardais incapable de prononcer une parole. 

Mais bon sang, au moins, tu aurais pu m’avertir, j’ai téléphoné à tes amies, à ta mère, je m’apprêtais à annoncer ta disparition à la police, j’ai articulé à un moment donné.

J’avais besoin de réfléchir à ce qui m’arrive, à ce que nous arrive, a-t-elle continué, comme si je n’avais rien dit. Mais que nous arrive-t-il? Depuis des millénaires, les gens sont tombés en amour et ont emménagé ensemble. Il n’y a rien de compliqué, c’est naturel. Non, pas pour moi, et elle a continué sa cure psychanalytique en reconstruisant son passé et en le mettant en relation avec le présent. 

J’aurais dû fuir, je sais, mais je ne l’ai pas fait. Je lui ai prêté une oreille distraite, j’ai enregistré certains détails liés à la liste de ses relations difficiles, les geignements à l’adresse de ses parents qui n’avaient pas su ni voulu contribuer à son épanouissement.

Saturday, November 22, 2014

looking for a new girfriend - part 3

Elle est partie en claquant la porte avec une force inutile. 

Je suis resté débout et j’ai écouté sa voiture démarrer, le crissement des pneus et le départ pressé, comme si sa vie était en danger. J’ai mis mes mains dans les poches et j’ai pensé que je ne comprends pas les femmes, les processus cognitifs qui les font agir ou, parfois, réagir.


Un autre verre de vin s’imposait pour tâcher de comprendre la situation. Non, mais était-elle partie pour de bon et pour toujours? Attendait-elle que je lui courre après comme la dernière fois, quand j’avais dû appeler toutes ses amies que je connaissais? J’avais même téléphoné à sa mère qu’elle déteste. La pauvre femme n’en revenait pas en entendant que sa fille avait disparue depuis deux jours. 

Friday, November 21, 2014

looking for a new girlfriend - part 2

À un moment donné, elle quitte la table sans rien ajouter et s’en va dans le bureau. Je reste seul avec mes pensées, je finis mon verre. Je l’entendais déplacer des tiroirs, soulever des boîtes, bouger des cintres. Chérie, cherches-tu quelque chose? Aucune réponse, mais le rythme de ses activités semble accéléré.  

Arrivé au seuil de la porte, je la vois ranger furieusement une valise avec ses choses. Mon amour, je lui dis, nous avons encore trois mois avant le voyage et de toute manière, nous avons convenu de faire une liste et de voyager léger, tu te rappelles, n’est-ce pas? Rien!


Son visage fermé, elle continue furieusement de boucler sa valise. Laisse-moi passer, me dit-elle, une fois la valise bouclée. Où vas-tu? Veux-tu que je te dépose quelque part? Mais tu ne m’as rien dit sur tes plans de voyage. Quand comptes-tu être de retour? 

Wednesday, November 19, 2014

Réveil-matin

En tambourinant sur le toit, la pluie m’a réveillée ce matin
Je me suis rendormie jusqu’à l’heure du thé au jasmin.

Le chocolat était inclus dans le traitement

looking for a new girlfriend

Ce soir tout semblait dans l’ordre: pendant le souper nous parlions de nos plans d’avenir. Chacun avait son assiette bien remplie, un verre de vin rouge à portée de la main. Tout semblait en ordre. La dernière engueulade datait d’une semaine ou plus… qui peut se rappeler ces affaires. Ah, les filles et leurs demandes constantes d’attention, de tendresse infinie, d’amour éternel. Non, mais à part tout cela, peut-on parler sérieusement, quelques minutes pour planifier des choses!


Elle parlait, j’étais un peu absent, j’avais eu une journée difficile au bureau. Je l’écoutais, je vous dis, mais d’une oreille un peu distraite. Elle me racontait sa journée à la maison, les histoires de sa meilleure amie, Janine, tombée amoureuse d’un bon-à-rien. Ces histoires que les filles aiment raconter et remuer entre elles, je pense. 

Je l’écoutais, mais je revoyais le film de ma journée remplie des réunions difficiles, sans queue et sans fin depuis que le boss avait été remplacé par la jeune nouvelle recrue. Cette femme célibataire qui rit trop fort, qui parle encore plus fort et qui s’habille d’une façon trop voyante et sans élégance nous ennuie avec ses longues tirades. En somme, après l’analyse du discours, rien de bon et de valable ne subsiste. Je n’exagère pas, je prends des notes comme les sténographes de la vielle école et après les réunions je m’amuse à revoir la totalité de son discours. Rien!

Tuesday, November 11, 2014

19 ans

Aujourd'hui, nous célébrons 19 de mariage. Que le temps passe vite en bonne compagnie!

Monday, November 10, 2014

Au centre d’achats

Nous déambulons dans un magasin grand surface et je regarde avec un certain intérêt une peau de mouton. Un achat n’est pas éminent dans ma tête, mais F se met à me raconter le dernier article cocasse qu’il a lu.

Il s’agit des habitudes nettoyage du… cul dans l’histoire humaine, en fonction de la classe sociale. Les premiers papiers toilettes ont été fabriqués en Chine au IIe siècle av. J.-C. Mais les pays européens ne connaissaient pas cette merveille. Si les pauvres, m’explique-t-il d’une manière assez docte, utilisaient les feuilles, les riches recouraient aux morceaux de peau de mouton. Quant aux rois, ils avaient des serviteurs désignés pour cette délicate tâche.

Dégueulasse, j’en conviens, dégueulasse, je lui répète devant l’avalanche de détails. Sur l’allée, il n’y avait qu’un homme seul absorbé dans la lecture d’une étiquette de boîte de chocolats (nous sommes dans l’allée du chocolat), nous avons donc continué à nous chamailler et à rire, sans faire attention, comme si nous étions seuls dans le magasin.

Arrivés au bout de l’allée du chocolat, nous entendons quelqu’un nous dire : excusez, excusez. Nous nous retournons pour nous retrouver devant le monsieur que nous avons dépassé dans l’allée. À quoi faisiez-vous référence en disant dégueulasse, veuillez m’excuser. À une histoire que mon mari me racontait… vous aimeriez savoir, c’est en effet dégueulasse : il s’agit de nettoyage de l’anus dans l’histoire de l’humanité. Je suis désolée, je lui explique embarrassée, c’est dégueulasse!

Oh, nous dit-il, ils ont répandu du fumier dans les champs environnants, cela sent très fort et j’ai cru que vous avez pensé, en passant près de moi, que j’ai fait une bêtise. Mais non, il se trouve que notre sujet de discussion...

Il est disparu embarrassé et en nous dirigeant vers les caisses :
1. Nous avons senti l’odeur de fumier
2. Nous l’avons cherché du regard pour lui demander de nous excuser et lui dire que nous espérons n’avoir pas gâché sa soirée.

Morale de l’histoire : ne jamais oublier que les mots d’une discussion anodine peuvent résonner, hors contexte, différemment dans la tête d’un témoin involontaire.




  

Sunday, November 9, 2014

Les étoiles des toitures

Monsieur Fritzgewurtztraminestein et ses beaux-frères, M. Engelsteinsduwurst et M. Habluestommalerundertwait, sont couvreurs. Apprentis, ils se sont côtoyés des années avant de se saluer discrètement d’un signe de tête, le jour de l’obtention de leur brevet.  

Une semaine plus tard, ils ont pris une première bière ensemble en parlant de leur métier et des demandes parfois farfelues des clients.

Monsieur Fritzgewurtztraminestein a deux sœurs célibataires, mais vous savez le genre endurci! Deux sœurs célibataires transforment la vie d’un homme taciturne qui siffle à la longueur de la journée sur les toitures et Monsieur Fritzgewurtztraminestein aimerait les voir mariées, parties de sous son toit. N’en voulez pas les épouser, demande-t-il à M. Engelsteinsduwurst et M. Habluestommalerundertwait. Mais oui!

Tout s’est fait en douceur et la vie a suivi son cours. Chaque couvreur sur son toit, jusqu’au jour où ils ont décidé de fonder une compagnie familiale.

Devant leurs bières, ils ont longuement débattu sur le nom à donner. Leurs trois noms ensemble aurait été la plus simple solution, mais prononcer  Fritzgewurtztraminestein, Engelsteinsduwurst et Habluestommalerundertwait – couvreurs risquait de ruiner leurs maigre budget publicité. Ils ont donc opté pour un titre suggestif : “Les toitures trois étoiles”.

Arrivés au journal, pour placer leur annonce ils se heurtent aux blagues de la réceptionniste. Cela veut dire que vos toitures sont si bien faites qu’on entrevoit les étoiles? Non, renchéri la secrétaire, il s’agit d’une qualité moyenne pour un prix moyen, comme pour les hôtels trois étoiles, n’est-ce pas Messieurs?

Embarrassés,  Messieurs Fritzgewurtztraminestein, Engelsteinsduwurst et Habluestommalerundertwait ont expliqué, en s’entrecoupant la parole, car ils n’ont pas l’habitude de grands discours, se contentant la plupart du temps d’un oui ou d’un non, la raison de ce choix.

Moi, a commencé M. Fritzgewurtztraminestein, je suis spécialiste des toitures métalliques, vous savez les toitures garanties à vie. Je suis spécialiste des toitures en céramique, a expliqué M. Engelsteinsduwurst. M Habluestommalerundertwait a avoué que la réfection des toitures en bardeau d’asphalte est son point fort.


Voyez-vous donc que nous sommes trois étoiles des toitures, ont-ils conclu d’une seule voix… 

Thursday, November 6, 2014

Garagistes

Messieurs Lemieux et Raté étaient garagistes sur la même rue. En bons voisins, en dépit d’une certaine rivalité, ils avaient ouvert leurs garages un mercredi.

Chaque garagiste avait travaillé de son mieux pour l’ouverture. Non, mais pouvez-vous imaginer tous les détails qui doivent être prises en compte lors d’une telle ouverture? Il fallait ranger l’espace, acheter les outils nécessaires, mettre une mince couche de peinture à l’intérieur du garage – il faut que ce soit beau, disaient les conjointes de deux garagistes, chacune bien établie d’un côté de la ruelle – aviser les autorités pour obtenir les permis requis… et, surtout, trouver le nom. Ben, oui, le nom de l’affaire, vous savez, celui qui nous hantera toute la vie, qui sera utilisé pour la publicité, car n’est-ce pas, la publicité est l’âme du commerce.

Ouf, pour le nom de son garage, M. Lemieux avait passé des nuits blanches. Sa conjointe aussi, d’ailleurs. Papillotes sur la tête et camisole rose-bombonne, elle avait assisté sans répit son mari dans le choix du nom. Oui, garage, qu’elle disait, mais pas n’importe lequel mon chéri, il s’agit de notre garage. Et en disant cela, elle plissait ses lèvres et ses paupières, tout en se corrigeant vite, car elle avait une peur bleue des rides. Non, les rides, mais quelle horreur. Une fois qu’on a un, il faut courir pour le botox! Un fait c’est sûr, avec l’ouverture du garage l’argent est compté, elle ne peut pas se permettre les rides. Les kilos, oui, c’est différent, son Lemieux l’avait toujours aimée un peu plus rondelette.

De l’autre côté de la rue, Mme Raté, fraîchement revenue de France avec maintes robes et chaussures et quelque 10 kilos de moins, accablait son mari avec les mêmes observations.

La vérité est que les deux femmes ne sont pas des amies. Loin de là! Elles s’épient depuis leurs emménagements respectifs, se saluent poliment, sans plus.

Non, mais m’as-tu-vu, qu’elle peste dans sa tête Mme Lemieux à l’égard de Mme Raté qui arbore victorieuse ses tenues parisiennes. Une dinde grosse embellie de ses papillotes à l’heure du coucher, qu’elle lui reproche dans sa tête Mme Raté.

Bon, le mercredi du lancement.

Tout le voisinage est sorti se promener dans la rue pour voir les garages, leurs heureux propriétaires et surtout les deux dames assises sur des bancs devant leurs portes d’entrée respectives. Mme Lemieux rondelette, sans un sourire, mais avec sa peau blanche comme le lait et ses cheveux blonds regarde le monde avec confiance : son mari porte bien son nom.

Sur son banc, Mme Raté arbore avec fierté sa tenue parisienne et regarde avec confiance l’avenir. Un garagiste peut faire fortune dans cette ville. C’est vrai qu’il y aura deux garagistes, mais bon….


Regardons aussi les noms des garages marqués sur les devantures des portes en question : Garagiste Lemieux et… Pneu Raté